Inflation et hausse des taux de la BCE : il faut sortir de la tenaille néolibérale !

, par Attac France

Jeudi 8 septembre, la Banque centrale européenne (BCE) a annoncé, par la voix de sa présidente Christine Lagarde, un relèvement de ses taux directeurs de 0,75 point, une ampleur inédite. D’autres hausses sont d’ores et déjà annoncées au nom de la lutte contre l’inflation. Une autre politique est pourtant nécessaire pour faire face à la crise.

Pour Dominique Plihon, animateur de l’espace banques-finance d’Attac, « Ce resserrement brutal de la politique monétaire risque de provoquer dégâts sociaux et récession. Cette orientation revient à faire payer à la population le prix de l’inflation. C’est une double peine, car les catégories populaires subissent déjà les conséquences des hausses de prix alors que les revenus ne suivent pas. Le ralentissement économique et le renchérissement du crédit vont s’y ajouter. »

Le relèvement des taux de la BCE n’aura pourtant pas ou peu d’effets sur les causes profondes de l’inflation. Celles-ci sont connues : hausse des prix de l’énergie, goulets d’étranglement dans l’acheminement des marchandises, désorganisation des chaînes logistiques mondiales, pénuries dans certains marchés de matières premières. Autant de déséquilibres accrus par la crise du Covid et l’invasion de l’Ukraine par la Russie. À cela s’ajoute l’opportunisme des multinationales qui augmentent leurs prix pour gonfler leurs profits.

Même du point de vue des classes dirigeantes, l’option du resserrement monétaire est risquée. Outre un ralentissement économique, il pourrait déclencher des tensions sur les marchés financiers dopés par les taux bas au point d’en être devenus dépendants. Dans la zone euro, le retour des tensions sur le marché des dettes souveraines pourrait faire son retour. Les contradictions qui déchirent l’ordre néolibéral semblent apparaître au grand jour.

Pour Julien Rivoire, porte-parole d’Attac, « On assiste au grand retour d’une orthodoxie alliant rigueur salariale, monétaire et budgétaire. D’autres politiques sont pourtant nécessaires pour faire face à la crise. À commencer par remettre en place une politique fiscale digne de ce nom, notamment par une taxation des superprofits. La fiscalité et la politique monétaire doivent permettre de financer les urgences sociales et écologiques. Dans le court et moyen termes, les revenus des catégories moyennes et populaires doivent être augmentés pour faire face à l’inflation. Il est urgent de sortir de la tenaille néolibérale ! »