Emmanuel Macron dénature ou refuse les propositions de la Convention Citoyenne sur le Climat

, par Attac Paris 19-20

« Nous constatons que les mesures que nous présentons sont toutes amoindries. Comment, en minorant nos propositions, pensez-vous atteindre un objectif qui est aujourd’hui 15 % supérieur à celui sur lequel nous avons travaillé ? ». Dès leur première question, lundi 14 décembre, face à Emmanuel Macron, les membres présents de la Convention citoyenne pour le Climat (CCC) ont pointé les nombreux filtres qui, au fur et à mesure des arbitrages, ont dénaturé leurs 149 propositions rendues publiques en juillet dernier à l’issue de 9 mois de travail à 150. Or, au cours de plus de 3 heures d’échanges, le Président n’a pas su apporter de réponse convaincante. Alors que la Convention citoyenne a été mise sur pied pour réduire de 40% les émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030 et que l’objectif européen est désormais de 55%, comment est-il possible d’y arriver sans ambition ?

Emmanuel Macron a tenté de justifier les choix de l’exécutif, fruit de la résistance des politiques et de l’influence des lobbies, et d’en entériner l’orientation générale : écarter ou vider de leur substance les propositions plutôt que de les transmettre au Parlement « sans filtre », comme il l’avait promis. La liste des jokers ne cesse ainsi de s’allonger : refus de renégocier le CETA, du moratoire sur la 5G, de celui sur la construction de nouveaux entrepôts de e-commerce…

Quant au projet de loi issu de ces mesures, récemment révélé, qui devrait être présenté en Conseil des Ministres le 10 février puis débattu au Parlement à partir de fin mars, il s’inscrit dans la continuité : des engagements, quand il y en a, en-deçà de ceux avancés par la CCC en matière de rénovation thermique de l’habitat, de régulation de la publicité, d’encadrement de l’artificialisation (bétonisation) des sols agricoles ou du transport aérien. Et ce n’est pas l’annonce d’un référendum sur l’introduction dans la Constitution de la mention selon laquelle « la République garantit la préservation de la biodiversité, de l’environnement et lutte contre le dérèglement climatique », qui changera quoi que ce soit à la manœuvre : attendre plutôt qu’agir en matière de lutte contre le réchauffement climatique.

Ce n’est pas acceptable ! La preuve est ainsi faite que des citoyens et citoyennes tirés au sort et mis en situation de répondre à la question complexe de la réduction des gaz à effet de serre vont beaucoup plus loin que les élus.