Attac repeint en noir BNP Paribas pour dénoncer ses méfaits fiscaux et climatiques
Les nouvelles révélations sur le scandale fiscal « CumEx Files » concernent une dizaine de pays et réévaluent cette fraude de 55,5 à 140 milliards d’euros. La France est la première victime de ce braquage fiscal avec un manque à gagner de 33,3 milliards d’euros sur 20 ans, marqué par la complicité de 4 grandes banques françaises dont BNP Paribas. Face aux milliards qui s’envolent et au silence gouvernemental, Attac France exige des pouvoirs publics une vraie politique de lutte contre l’évasion fiscale.
Mercredi 27 octobre 2021 à 8h, une vingtaine d’activistes d’Attac France ont allumé des fumigènes rouges, dispersé des faux-billets, et à l’aide d’extincteurs remplis de gouache noire, ont aspergé la devanture d’une agence BNP Paribas, place de l’Opéra à Paris, pour dénoncer l’implication de la première banque européenne dans le scandale « CumEx Files » et ses activités climaticides, notamment ses investissements massifs dans les énergies fossiles. Une banderole « BNP Paribas, la banque qui braque le monde » a également été affichée sur la façade du bâtiment.
CumEx Files, Lux Leaks, Panama Papers, OpenLux... La liste des scandales fiscaux ne cesse de s’agrandir. L’accumulation de ces affaires et le montant effarant de l’évasion fiscale (80 à 100 milliards d’euros de manque à gagner pour l’État français chaque année) sont une triste conséquence du rôle facilitateur des banques dans l’évasion fiscale des plus riches et des multinationales. En France, BNP Paribas est la banque la plus présente dans ces scandales et dans les paradis fiscaux, et participe à priver les finances publiques de revenus fiscaux.
Qu’elles portent sur les stratégies d’évitement de l’impôt des riches particuliers ou de celles de grandes entreprises, ces affaires s’appuient systématiquement sur l’insuffisance patente des moyens de combattre la délinquance en col blanc, avec la complicité active et/ou passive de nombreux États.
Pour Raphaël Pradeau, porte parole d’Attac : "il n’est plus supportable que les grandes banques françaises, en premier lieu BNP Paribas, jouent un rôle actif dans l’évasion fiscale, comme le rappelle le scandale des CumEx Files dont la France est la première victime pour un montant de 33,3 milliards d’euros de recettes fiscales en 20 ans. Les sommes qui échappent aux États seraient grandement utiles pour financer la nécessaire bifurcation écologique. Pire, BNP Paribas et les principales banques françaises continuent de financer des activités qui conduisent au dérèglement climatique, notamment les industries fossiles".
On assiste en effet à un double méfait de la part de ces banques, qui d’un côté, privent l’État de revenus fiscaux importants, qui pourraient être utiles à la transition écologique, et de l’autre, alimentent le dérèglement climatique en assurant les financements de l’industrie fossile.
Avec 41 milliards de dollars de financements aux énergies fossiles en 2020, BNP Paribas est la banque qui a le plus augmenté, en montant absolu, son soutien au secteur entre 2019 et 2020. Pire encore, BNP Paribas n’a toujours pas présenté de stratégie crédible de sortie des investissements dans les pétroles et gaz non-conventionnels. BNP Paribas était pourtant l’un des sponsors principaux du Climate Finance Day, porté par Emmanuel Macron.
Près d’une semaine après les nouvelles révélations sur les « CumEx Files » et à la veille de l’ouverture de la COP26 à Glasgow, l’impunité écologique et fiscale des grandes banques n’est plus tolérable et l’inaction des pouvoirs publics n’a que trop duré.