Le système B, comme Bolloré

, par Pascale Thomas

Pour faire suite au ciné-débat de 25 novembre 2021 autour du film de Reporters sans Frontières, le système B, on trouvera ci-après un dossier sur la main-mise du groupe Bolloré sur les media.

Face aux poursuites-bâillons de Bolloré, nous ne nous tairons pas !
24 janvier 2018 - Mis à jour le 27 janvier 2018

Ce jeudi 25 janvier s’ouvre un procès contre trois journaux (Mediapart, L’Obs, Le Point) et deux ONG (Sherpa et ReAct), attaqués en diffamation par la holding luxembourgeoise Socfin et sa filiale camerounaise Socapalm, fortement liées au groupe Bolloré, Vincent Bolloré lui-même siégeant au sein de leur conseil d’administration. Les plaignants leur reprochent des articles relatant les mobilisations de villageois et d’agriculteurs ouest-africains voisins d’exploitations gérées par ces deux sociétés.

Alors qu’hier encore, le TGI de Paris déboutait la société Bolloré dans une énième plainte en diffamation contre le journal Les Inrocks, le procès de demain marque une nouvelle étape dans les poursuites judiciaires lancées par le magnat breton et ses partenaires contre des médias, des organisations non gouvernementales ou des journalistes, qui ont évoqué les coulisses de ses activités économiques et commerciales en Afrique, ses liens avec la holding luxembourgeoise Socfin et les conséquences des acquisitions de terre à grande échelle.

Depuis 2009, plus d’une vingtaine de procédures en diffamation ont ainsi été lancées par Bolloré ou la Socfin en France et à l’étranger – pour contourner la loi de 1881 sur la liberté de la presse – contre des articles, des reportages udiovisuels, des rapports d’organisations non gouvernementales, et même un livre. France Inter, France Culture, France Info, France 2, Bastamag, Le Monde, Les Inrocks, Libération, Mediapart, L’Obs, Le Point, Rue 89, Greenpeace, React, Sherpa... Une cinquantaine de journalistes, d’avocats, de photographes, de responsables d’ONG et de directeurs de médias, ont été visés par Bolloré et ses partenaires (voir la liste ci-dessous) !

Au vu de leur ampleur, nous estimons que ces poursuites judiciaires s’apparentent à des « poursuites-bâillons ». Ces procédures lancées par des grandes entreprises multinationales sont en train de devenir la norme. Apple, Areva, Vinci ou Véolia ont récemment attaqué en justice des organisations non gouvernementales ou des lanceurs d’alerte. En multipliant les procédures judiciaires dans des proportions inédites – quitte à les abandonner en cours de route –, le groupe Bolloré en a fait une mesure de rétorsion quasi-automatique dès lors que sont évoquées publiquement ses activités africaines.

Ces attaques en justice contre les journalistes viennent s’ajouter à d’autres types d’entraves à la liberté de la presse dont est désormais coutumier le groupe Bolloré. En 2014, son agence de communication Havas avait par exemple tenté de supprimer plus de 7 millions d’euros de publicité au journal Le Monde, suite à une enquête sur les activités de Vincent Bolloré en Côte d’Ivoire. Sans oublier la déprogrammation ou la censure de plusieurs documentaires que Canal+ (groupe Vivendi) devait diffuser.

Ces poursuites systématiques visent à faire pression, à fragiliser financièrement, à isoler tout journaliste, lanceur d’alerte ou organisation qui mettrait en lumière les activités et pratiques contestables de géants économiques comme le groupe Bolloré. Objectif : les dissuader d’enquêter et les réduire au silence, pour que le « secret des affaires », quand celles-ci ont des conséquences potentiellement néfastes, demeure bien gardé. C’est l’intérêt général et la liberté d’expression qui sont ainsi directement attaqués. Les communautés locales, les journalistes, les associations, les avocats, ou les lanceurs d’alerte : tous les maillons de la chaîne des défenseurs de droits sont visés par ces poursuites.

Nous, collectifs, journalistes, médias, organisations non gouvernementales, apportons notre soutien aux journalistes et organisations qui comparaîtront les 25 et 26 janvier, et à tous les acteurs poursuivis dans le cadre de ces poursuites-bâillons. Des réformes devront être proposées en France pour imiter d’autres pays comme le Québec, ou certains états des Etats-Unis ou d’Australie, vers un renforcement de la liberté d’expression et une meilleure protection des victimes de ces poursuites-bâillons.

Informer n’est pas un délit ! On ne se taira pas !

Signataires : Jean-Pierre Canet (journaliste), Benoît Collombat (journaliste, Radio France), Nadia Djabali (journaliste), Samuel Forey (journaliste, prix Albert Londres 2017, L’Ebdo), Raphaël Garrigos (journaliste, Les Jours), Simon Gouin (journaliste, Bastamag), Maureen Grisot (journaliste), Elodie Guéguen (journaliste, Radio France), Pierre Haski (journaliste, Rue89), Thomas Horeau (journaliste, France 2), Dan Israel (journaliste, Mediapart), E rik Kervellec (directeur de la rédaction, France Info), Geoffrey Le Guilcher (Les Inrocks), John-Paul Lepers (journaliste, La Télé Libre), Julien Lusson (ancien directeur de publication, Bastamag), Jacques Monin (journaliste, Radio France), Jean-Baptiste Naudet (journaliste, L’Obs), Nicolas Poincaré (journaliste, Europe 1), Martine Orange (journaliste, Mediapart), Fanny Pigeaud (journaliste), Matthieu Rénier (journaliste, prix Albert Londres 2017, France 2), Isabelle Ricq (photographe), Jean-Baptiste Rivoire (journaliste, Canal+), Isabelle Roberts (journaliste, Les Jours), Agnès Rousseaux (journaliste, Bastamag), Ivan du Roy (journaliste, Bastamag), David Servenay (journaliste), David Thomson (journaliste, Prix Albert Londres 2017, RFI), Nicolas Vescovacci (journaliste), Tristan Waleckx (journaliste, Prix Albert Londres 2017, France 2). Médias et organisations signataires : Abaca Press, ActionAid France, AFASPA 95, Alternatives économiques, Association de la presse judiciaire, Attac France, Bastamag, Bondy Blog, collectif « Informer n’est pas un délit », collectif « On ne se taira pas », Collectif des associations citoyennes, CRID, France Libertés, GRAIN, Greenpeace France, Les Jours, Mediapart, Prix Albert Londres, Reporterre, Ritimo, ReAct, Reporters sans frontières, Sherpa, Survie, La Télé Libre, Union syndicale Solidaires. Sociétés des journalistes ou des rédacteurs de : AFP, BFM TV, Challenges, Les Echos, Europe 1, France 2, France 3, Le Monde, L’Humanité, Libération, L’Obs, Mediapart, M6, Premières Lignes, Radio France, RMC, RTL, Télérama, TF1, TV5Monde, La Vie.

Les procès en cours et à venir :
 Plainte en diffamation de Bolloré contre Jean-Baptiste Naudet (L’Obs) : audience initialement prévue le 14 décembre 2017, repoussée à la demande du plaignant
 Plainte en diffamation de Bolloré contre Geoffrey Le Guilcher (Les Inrocks) : plainte jugée irrecevable le 23 janvier 2018
 Plainte en diffamation de Socfin contre Dan Israel (Mediapart), les associations ReAct et Sherpa : audience prévue les 25 et 26 janvier 2018 à la 17ème chambre du TGI de Paris
 Plainte en diffamation contre Nadia Djabali, Ivan du Roy, Agnes Rousseaux (Bastamag), ainsi que Rue 89, et trois blogueurs ayant relayé l’article – Thierry Lamireau (enseignant retraité), Dominique Martin Ferrari (journaliste) et Laurent Ménard (ébéniste) : relaxe le 14 avril 2016, relaxe confirmée en appel le 9 février 2017, pourvoi en cassation de Bolloré (audience en juin ou septembre 2018)
 Plainte en diffamation contre Simon Gouin et Julien Lusson (Bastamag) : audience prévue le 2 octobre 2018
 Plainte en diffamation contre Fabrice Lhomme et Gérard Davet (Le Monde) : relaxe le 3 décembre 2015, relaxe confirmée en appel le 22 septembre 2016, pourvoi en cassation de Bolloré
 Plainte en diffamation de Bolloré contre Elodie Guéguen (France Info) : relaxe le 5 juillet 2016, appel de Bolloré (audience en attente)
 Plainte en diffamation de Bolloré contre Benoît Collombat et Florence Sultan (Calmann-Lévy) pour le livre "Informer n’est pas un délit" : audience en attente
 Plainte en diffamation de Socfin contre l’organisation Greenpeace : audience en attente
 Plainte française en diffamation de Bolloré contre France 2 et Tristan Waleckx : audience le 3 avril 2018
 Plainte camerounaise en diffamationde Socapalm (filiale Socfin) contre France 2, Nicolas Poincaré et Tristan Waleckx : audience en attente
 Plainte commerciale en dénigrement de Bolloré contre France 2 (50 millions d’euros de dommages et intérêts) : audience en attente
 Plainte en diffamation de Bolloré contre Mediapart et Fanny Pigeaud : audience en attente
 Plainte préventive pour dénigrement de Bolloré contre le journaliste Nicolas Vescovacci (700 000 euros de dommages et intérêts) : audience en attente
 Plainte en diffamation de la Socfin au Sierra Leone contre les organisations indépendantes Green Scenery (Sierra Leone) et Oakland Institute (Etats-Unis) en 2013 : procédure en cours

Les poursuites passées :
 Plainte en diffamation de Bolloré contre l’Agence Ecofin (Agence africaine d’informations économiques et financières). Relaxe le 15 juin 2016, Relaxe confirmée en appel le 7 juin 2017
 Plainte en diffamation de Bolloré contre Maureen Grisot et Renaud Candelier (France Culture) : retrait de la plainte le 10 mars 2016 (21 jours avant l’audience prévue le 31 mars 2016)
 Plainte en diffamation de Bolloré et Socapalm (filiale Socfin) contre France Inter et Benoît Collombat : condamnation le 6 mai 2010 avec relaxe concernant la Socapalm.
 Plainte en diffamation de Bolloré contre France Inter et Isabelle Ricq : retrait de la plainte le 18 juin 2010 (14 jours avant l’audience prévue prévue le 2 juillet 2010)
 Plainte en diffamation de Bolloré contre l’association Sherpa : retrait de la plainte le 5 juin 2013
 Plainte en diffamation de Bolloré contre Benoît Collombat et David Servenay (Rue 89) : retrait de la plainte le 7 janvier 2014.
 Plainte en diffamation de Bolloré contre Martine Orange (Mediapart) : retrait de la plainte le 9 décembre 2013
 Plainte en diffamation de Bolloré contre Libération et Fanny Pigeaud : condamnation de Libération pour la légende de la photo en novembre 2014, relaxe de Fanny Pigeaud.

Recommandations de RSF

1. L’Etat doit intervenir pour l’indépendance éditoriale en sa qualité d’actionnaire de Vivendi La Caisse des dépôts et consignations possède 2,20 % du capital de Vivendi, société mère du Groupe Canal+. Par le biais de son organisme de contrôle des participations, l’Etat a la capacité, en tant qu’actionnaire, d’agir sur la situation et doit user de son droit d’information et d’interpellation.
• L’Etat doit appeler l’Assemblée générale de Vivendi à adopter une motion demandant que l’indépendance éditoriale de l’ensemble des médias du groupe soit garantie.

2. Le CSA doit faire respecter l’honnêteté, l’indépendance et le pluralisme de l’information sur la base des conventions actuelles
Le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a pour fonction de “garantir l’honnêteté, l’indépendance et le pluralisme de l’information et des programmes qui y concourent” etde “s’assurer que les intérêts économiques des actionnaires des éditeurs de services et de leurs annonceurs ne portent aucune atteinte à ces principes”. Il a un pouvoir de contrôle, de mise en demeure et de sanction, mais aussi de renégociation des conventions en cas de modification des conditions sur la base desquelles elles ont été signées.
• Le CSA doit s’appuyer sur le droit existant, notamment sur la notion d’“honnêteté de l’information” prévue dans la loi Bloche, et sanctionner les atteintes à l’indépendance éditoriale et au pluralisme qui pourraient être constatées au sein des médias du groupe Bolloré. Leur définition jurisprudentielle étant imprécise, le CSA pourrait s’affranchir d’une interprétation minimaliste pour en faire un principe structurant son analyse des médias.
• Le CSA doit s’assurer que les chartes éthiques “que doivent adopter les entreprises ou sociétés éditrices de presse ou audiovisuelles” en application de la loi Bloche s’inscrivent dans l’esprit et la lettre des grands textes relatifs à l’éthique journalistique reconnus par la profession et qu’elles ne soient pas rédigées par la seule direction, mais bien négociées avec les représentants des journalistes.
• Le CSA doit s’assurer que les comités “relatifs à l’honnêteté, à l’indépendance et au pluralisme de l’information et des programmes” soient composés avec sincérité et fonctionnel, conformément à la loi Bloche.

3. Le CSA doit envisager la renégociation de la convention de CNews pour garantir la diffusion de contenus journalistiques.
La convention signée par le CSA avec Cnews a été conclue avec une chaîne d’information, pour une chaîne d’information. Or, l’information n’occupe plus qu’une part limitée de la grille de CNews. Le nombre de journalistes détenteurs de la carte de presse a chuté. “Venez avec vos convictions, vous vous ferez une opinion !” : la campagne de communication de CNews au printemps 2021 dit clairement le passage d’une chaîne d’info en continu à une chaîne de débat et d’opinion. Le CSA est fondé à revoir la convention de Cnews dès lors que celle-ci devient un média d’opinion plus qu’une chaîne d’information. Une telle révision aurait l’avantage de dissuader la reproduction d’une telle transformation à Europe 1.
• La convention qui lie le CSA à CNews doit être renégociée, tout en respectant la liberté éditoriale de la chaîne, pour que des obligations de quantité et de fréquence de diffusion de programmes d’information journalistique soient imposées, en respectde l’article 3-1-1 qui définit la nature du service de CNews, “consacré à l’information” et un “programme réactualisé en temps réel”.
• Le CSA devrait profiter du changement de contrôle capitalistique d’Europe 1 pour revoir la convention de la radio et faire peser des obligations similaires à celles souhaitées pour CNews et pour l’ensemble des médias audiovisuels.

4. L’Autorité de la concurrence devra se saisir de la compatibilité des acquisitions de Vincent Bolloré au regard du droit de la concurrence
Vincent Bolloré possède déjà Canal+, CNews (chaîne de télévision et journal gratuit), Prisma Média (Capital, Gala, Voici, Télé Loisirs..), mais aussi, dans l’édition, Éditis. L’offre publique d’achat (OPA) lancée par Vincent Bolloré contre le groupe Lagardère sera réalisée d’ici au 15 décembre 2022. Dans le domaine de l’édition, la part de marché conjuguée de Hachette et d’Éditis atteindrait 71 % dans le parascolaire, 63 % dans le dictionnaire ou 54 % dans le de poche. Rappelons également que Vincent Bolloré a poursuivi en justice deux ouvrages publiés par des éditeurs du groupe Lagardère, Informer n’est pas un délit (Calmann-Lévy) et Vincent tout-puissant (JC Lattès).
• L’autorité de la concurrence doit empêcher la création de quasi-monopoles dans les secteurs de l’information, y compris dans l’édition, qui constitue un des modes d’expression des journalistes.

5. Le législateur doit mettre en place un dispositif efficace contre les procédures bâillons
Les “procédures bâillons”, connues sous l’acronyme anglais SLAPP (Strategic Lawsuit against Public Participation), sont devenues une arme de dissuasion pour museler les médias. RSF demande, en droit national et communautaire, la mise en place de mesures pour lutter contre le détournement des actions judiciaires visant à faire taire les journalistes.
• RSF plaide en particulier pour l’introduction de garanties procédurales pour les victimes de SLAPPs (notamment la fin de la mise en examen “automatique” des journalistes en cas de plainte en diffamation avec constitution de partie civile) et de mesures préventives pour bloquer les plaintes abusives (évaluation de la recevabilité, injonctions, mesures provisoires), ainsi que pour l’application de mesures punitives afin de sanctionner les auteurs de ces plaintes et indemniser les victimes.

6. Créer un délit de trafic d’influence appliqué au champ de l’information
L’exemple type du trafic d’influence dans le champ de l’information est l’épisode du documentaire sur le Crédit Mutuel, dont la diffusion par Canal+ avait été bloquée en mai 2015 sur demande de Vincent Bolloré, propriétaire de Canal+, car trop critique de cette banque qui est son partenaire commercial : le propriétaire d’un média utilise son influence sur ce média pour favoriser ses partenaires commerciaux et ses propres intérêts. L’épisode du publireportage sur le Togo est un autre exemple : Vincent Bolloré, qui a de nombreux intérêts au Togo, a introduit dans les programmes de Canal+ une véritable publicité sur le Togo et son président, présentée comme un reportage.
• La loi devrait sanctionner pénalement ces pratiques que sont l’abus, par des propriétaires ou dirigeants de médias, de leur capacité d’influencer les productions journalistiques pour favoriser leurs intérêts ou les intérêts de tiers.
• RSF propose de créer un délit de trafic d’influence appliqué au champ de l’information, inspiré du délit de trafic d’influence existant pour les dépositaires de l’autorité publique. Une incrimination spécifique sera instaurée dans le Code pénal pour sanctionner les conflits d’intérêt de ce type dans le secteur des médias, punissant « le fait, par quiconque, de solliciter ou d’agréer, sans droit, à tout moment, directement ou indirectement, des offres, des promesses, des dons, des présents ou des avantages quelconques pour elle-même ou pour autrui, pour abuser de son influence réelle ou supposée en vue d’influencer les productions éditoriales d’entreprise éditrices de services de communication audiovisuelle ou d’entreprises de presse ».

7. Le législateur doit réviser la loi de 1986 sur la concentration des médias
La loi de 1986 est dépassée. Elle prend très insuffisamment en compte le numérique et ne limite que les concentrations horizontales, sans lutter contre l’intégration des médias au sein de groupes ayant des intérêts dans d’autres secteurs. Les seuils de concentration qu’elle fixe sont obsolètes : limiter les concentrations au regard des bassins de population touchés ou en fonction des zones desservies n’a plus de sens dès lors que les médias sont accessibles en ligne partout et par tous ; la règle dite des “deux sur trois”, qui vise à limiter les propriétés croisées dans la télévision, la radio et la presse écrite est sans effet dès lors qu’un des trois seuils, relatif aux médias papiers, ne peut jamais jouer : aucun quotidien en France n’atteint “20 % de la diffusion, sur le territoire national”. Enfin, les règles de concentration ne tiennent aucun compte de l’affectation des fréquences : rien n’interdit dans la loi qu’une même personne soit propriétaire de toutes les chaînes d’information.
• RSF propose de modifier les dispositions obsolètes de la loi de 1986 sur l’audiovisuel. Cela nécessite, au préalable, d’assurer l’application de règles sur la transparence de la propriété de médias afin que l’obligation de révélation de l’identité des actionnaires et du bénéficiaire final soit respectée. Le détenteur du contrôle effectif d’un média doit également clairement être désigné.
• Les critères de la loi doivent être repensés, notamment au regard des synergies multimédias, pour prendre en compte, par exemple, l’affectation des fréquences. Les seuils de la loi doivent être remis à jour, (règle dite des “deux sur trois”), notamment pour y ajouter la presse hebdomadaire.
La France se situe à la 34e place au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2021.

ÉMISSIONS DE RADIO

France culture, 27 mars 2021, 14mn
L’Empire, comment Vincent Bolloré a mangé Canal +
LA FABRIQUE MÉDIATIQUE par Chloë Cambreling
LesJours.fr ont révélé cette semaine une censure de Canal + d’un documentaire sur les femmes journalistes sportives diffusé par la chaîne. Retour sur les révélations du site d’informations qui enquête au long cours.

France culture, 16 septembre 2021, 25 mn
Vivendi avalera-t-il Lagardère ?
JOURNAL DE 12H30 par La Rédaction de France Culture et Thomas Cluzel
Le groupe Vivendi a annoncé son intention de lancer une offre publique d’achat, sous réserve d’accord des régulateurs français et européens.

France culture,1 avril 2021, 7 mn
Pourquoi Vincent Bolloré s’intéresse-t-il (aussi) à Hachette Livre ?
La question du jour par Guillaume Erner
Le directeur du groupe Hachette Livre, Arnaud Nourry, qui était à la tête du groupe depuis 18 ans, a été poussé vers la sortie par son grand patron Arnaud Lagardère, lundi 29 mars 2021. Il avait pourtant obtenu de bons résultats pour ce numéro trois mondial de l’édition.

France culture, 26 avril 2018, 13 mn
Le milliardaire Vincent Bolloré mis en examen pour "corruption d’agent public étranger", soupçonné d’avoir obtenu des concessions en Afrique de l’ouest en contrepartie de services rendus aux dirigeants locaux via sa filiale Havas
Journal de 7H par Catherine Duthu et La Rédaction de France Culture
https://www.youtube.com/watch?v=nuYc2Xhe4rw

France Inter, 22 novembre 2021
I love Bolloré
Le Moment Meurice
Guillaume Meurice l’a toujours dit : c’est un grand fan de Vincent Bolloré. Il est allé rencontrer les français pour partager son enthousiasme.

ARTICLES ET ENTRETIENS

Le Monde, 16 novembre 2021
Comment Vincent Bolloré mobilise son empire médiatique pour peser sur la présidentielle
Par Raphaëlle Bacqué et Ariane Chemin
ENQUÊTE En quelques mois, le milliardaire breton a bâti un pôle réactionnaire qui s’étend de l’audiovisuel à l’édition. Avec comme fer de lance le polémiste vedette Eric Zemmour, dont les obsessions identitaires et anti-islam colonisent le débat public.

Médiapart, 7 novembre 2021
Concert d’hypocrisies autour de la concentration des médias
Par Laurent Mauduit
L’immense empire de presse que Vincent Bolloré constitue et qu’il met au service d’une andidature d’extrême droite souligne l’intense danger auquel conduit une concentration toujours plus accentuée des médias. Le débat autour des critères anticoncentration s’en trouve relancé.

Médiapart, 20 novembre 2021
Vincent Bolloré lorgne « Le Figaro »
Par Laurent Mauduit
Après avoir conquis Canal+, CNews, Europe 1, « Paris Match » ou encore « Le Journal du dimanche », Vincent Bolloré a engagé, d’après nos informations, des négociations pour prendre le contrôle du « Figaro ». Au risque de relancer les polémiques sur la concentration des médias au profit des puissances d’argent.

INA, 9 novembre 2021
Entretien avec Tristan Waleckx« Le sujet serait passé beaucoup plus inaperçu si Bolloré ne nous avait pas attaqués »
propos recueillis par Xavier Eutrope
Vincent Bolloré intrigue, choque et n’est pas tendre avec celles et ceux qui enquêtent sur lui. Entretien avec Tristan Waleckx, co-auteur de « Vincent Bolloré, un ami qui vous veut du bien », diffusé sur France 2 en 2016. Un portrait-enquête qui lui a valu six procès.

Le Monde, 26 mars 2021
Emmanuel Macron et la bataille des magnats des médias
Par Sandrine Cassini et Olivier Faye
RTL, Europe 1, M6, « Le Journal du dimanche », « Paris Match »... A un an de la présidentielle, de prestigieux groupes français s’apprêtent à changer de mains. Dans cette recomposition d’ampleur, trois patrons sont à la manœuvre : l’insatiable Vincent Bolloré face à deux alliés du président, Xavier Niel et Bernard Arnault.

INA, 30 novembre 2015, mis à jour le 29 août 2019
Concentration des médias : un mal pour un bien ? - épisode 1/3
La concentration des médias va s’accélérer, propos recueillis par Guillaume Galpin
La concentration de la presse serait inévitable et ne présenterait qu’un risque mineur pour pluralisme et l’indépendance de la presse. Entretien avec Jean-Clément Texier, président de Ringier France.

INA, 4 décembre 2015, mis à jour le 6 septembre 2019
Concentration des médias : un mal pour un bien ?- épisode 2/3
La concentration des médias menace le pluralisme, propos recueillis par Guillaume Galpin
Julia Cagé, économiste de la presse, analyse les risques de la concentration des médias actuelle.

INA, 7 décembre 2015, mis à jour le 5 septembre 2019
Concentration des médias : un mal pour un bien ? - épisode 3/3
Les médias régionaux sont plus concentrés que les nationaux, propos recueillis par Guillaume Galpin
Analyse de la concentration des médias par Patrick Le Floch, économiste de la presse quotidienne régionale.

France Culture, 4 octobre 2021
"Le Système B." : un documentaire de Reporters sans frontières dénonce les méthodes de Vincent Bolloré - Entretien avec le secrétaire-général de Reporters sans Frontières, Christophe Deloire par Maxime Tellier.
Reporters sans frontières publie ce jeudi un court documentaire diffusé en ligne qui dénonce les méthodes de Vincent Bolloré face aux médias et le danger que représente l’homme d’affaires pour le journalisme et la démocratie. Le secrétaire-général de RSF, Christophe Deloire, s’explique.

Vincent Bolloré ne cesse d’étendre son groupe médiatique en recourant à des méthodes brutales et anti-journalistiques, dénonce Reporters sans Frontières dans une vidéo publiée ce jeudi sur internet. L’association diffuse ce court documentaire de 16 minutes avec 11 témoins, "Le Système B", afin de dénoncer les méthodes employées par l’homme d’affaires et contrecarrer ses plans : au-delà du constat, RSF formule aussi des recommandations auprès de l’État, du CSA, de l’Autorité de la concurrence et du législateur.

Pourquoi publiez-vous ce documentaire ?

Dans ce documentaire de 15 minutes, 11 témoins qui sont essentiellement des journalistes décrivent la mécanique d’emprise et d’intimidation mise en place par Vincent Bolloré lorsqu’il prend le contrôle d’un média ou lorsque des journalistes enquêtent sur ses activités industrielles. Le "système B" décrypte le système Bolloré, qui est un système de contrôle de l’information quand ce n’est pas un système d’évacuation du journalisme, voire d’extinction du journalisme.

RSF n’a pas pour habitude de publier des documentaires. Pourquoi le faites-vous là ?

Des enquêtes journalistiques ont déjà été publiées sur Vincent Bolloré, qui d’ailleurs ont souvent fait l’objet de poursuites judiciaires. Il nous a semblé important, à un moment où il étend encore un peu plus son empire médiatique, de lancer un signal d’alerte, de dire "ça suffit", voilà la réalité de ce système Bolloré. Ce ne sont pas simplement quelques critiques disparates de journalistes mécontents. C’est un vrai système imposé dans ses médias à la faveur de ses prises de contrôle. Et comme Vincent Bolloré est encore en train d’élargir le périmètre de sa propriété médiatique, faisons en sorte de vraiment décrire ce qui se passe, et pas simplement de rester dans l’indignation.
Nous ne sommes pas dans une posture morale, mais nous formulons des recommandations très précises pour faire en sorte que les propriétaires des médias, quels qu’ils soient, respectent l’indépendance de l’information et le travail des journalistes, qui n’ont pas à devenir des petits soldats de l’information.
Ce n’est pas une habitude pour nous de diffuser des documentaires ou d’en produire mais la situation nous a semblé suffisamment grave pour lancer ce signal d’alarme. Il y a un danger pour le journalisme dans notre pays et un danger démocratique aussi. Il faut que chacun en ait conscience et plus encore, il faut faire en sorte que des mesures soient prises pour empêcher qu’un dirigeant tel que Vincent Bolloré puisse transformer ces médias en outil d’influence et puisse, d’une certaine manière, conduire le journalisme à une portion congrue.

Vous évoquez un danger démocratique en raison du contexte de campagne pour l’élection présidentielle qui a déjà commencé ?

On a vu aux États-Unis ce que peut produire un champ médiatique totalement polarisé, où des médias servent tel ou tel candidat et ne sont plus au service de l’information ou de l’intérêt public, mais au service de visions du monde opposées. Un monde où les médias scandent ces visions du monde plutôt que de faire de l’enquête et du reportage, plutôt que de faire du journalisme. C’est un grand risque pour notre paysage médiatique de se retrouver dans une telle dérive, avec des conséquences démocratiques au bout du compte. Les États-Unis ont été un exemple à ne pas suivre et c’est pourquoi nous avons produit ce film.

Reporters sans frontières dénonce une dérive anti-journalistique de Vincent Bolloré. Dénoncez-vous aussi ses idées politiques, ou celles d’Eric Zemmour, qui a bénéficié du "système" de Vincent Bolloré ?

Nous avons une cohérence : nous défendons le journalisme, son indépendance, son pluralisme, son honnêteté, ses méthodes professionnelles, son éthique... Nous avons une vision exigeante du journalisme. Mais ce n’est pas une prise de position politique, ce n’est pas une prise de position sur la ligne éditoriale de CNews. Ce n’est pas notre mandat, c’est autre chose, et nous nous en tenons à la défense du journalisme.

Vous publiez cette vidéo mais vous faites aussi des recommandations auprès de l’État (actionnaire de Vivendi), du CSA, de l’Autorité de la concurrence et du législateur. Que demandez-vous ?

Il y a quelques années déjà, au moment de la prise de contrôle de Canal et d’i-Télé, devenu depuis CNews, nous étions intervenus auprès du Conseil supérieur de l’audiovisuel pour que des mesures soient prises afin de garantir l’indépendance éditoriale sur ces antennes, pour garantir l’existence du journalisme. Et malheureusement, à ce moment là, le CSA n’avait pas pris les mesures adéquates et d’une certaine manière, on paye encore ces faiblesses là. Si un organe de régulation tel que le CSA existe, c’est évidemment pour garantir la liberté de communication, la liberté pour chacun d’avoir des lignes éditoriales. Mais son objet est aussi de garantir l’honnêteté, le pluralisme et l’indépendance de l’information. Toutes choses qui sont mentionnées dans les conventions signées par les chaînes de télévision et de radio avec le CSA. Or aujourd’hui, ces conventions restent théoriques : nous demandons à ce qu’elles soient appliquées et que ces articles ne soient pas que des phrases sans conséquence.

Et vous demandez également aux hommes et femmes politiques de prendre leurs responsabilités ?

Il faut espérer que ce sera un débat lors de l’élection présidentielle : de quel système médiatique voulons-nous ? Voulons-nous une pluralité de ligne éditoriale ? Mais avec une pluralité doublée d’une exigence forte sur l’indépendance journalistique, sur le pluralisme de voix sur une même antenne et sur l’honnêteté de l’information. Ou bien laisse-t-on faire les conflits d’intérêts ? Laisse-t-on des médias être soumis à des logiques marchandes qui sont celles de leur propriétaire ? Vincent Bolloré est un cas particulièrement symptomatique, mais au delà, un cas extrêmement grave. Et c’est pour cela qu’il nous a semblé que sur ce point là, il y a une limite à poser, à ne pas franchir. Et pour cela, nous avons formulé des recommandations très claires